L'OIT est une institution spécialisée des Nations-Unies
ILO-fr-strap

GB.276/ESP/1
276e session
Genève, novembre 1999


Commission de l'emploi et de la politique sociale

ESP


PREMIÈRE QUESTION À L'ORDRE DU JOUR

Préparatifs de la discussion générale de la 88e session (2000)
de la Conférence internationale du Travail
sur la mise en valeur des ressources humaines:
orientation et formation professionnelles

Table des matières

Introduction


Introduction

1. Le BIT établit actuellement le document de base destiné à la discussion générale de la Conférence internationale du Travail de 2000, qui doit donner des orientations sur les futures activités de normalisation en matière de mise en valeur des ressources humaines. Le Conseil d'administration a décidé en novembre 1998 que la discussion générale portera également sur la question de l'emploi et de la formation des jeunes(1) .

2. Quatre réunions consultatives tripartites régionales sur la mise en valeur des ressources humaines étaient prévues pour 1999, et trois ont déjà eu lieu au moment de la rédaction du présent document. Ces dernières ont permis d'évaluer la situation et les perspectives dans les régions intéressées. On trouvera ci-après leurs principales conclusions, qui constitueront la base du rapport présenté à la Conférence. Les questions de fond qui ont été examinées étaient largement similaires et portaient sur les grands thèmes suivants:

I. Aptitude à l'emploi et mutations de l'environnement
économique et social et du marché du travail:
la nécessité de renouveler les qualifications et les compétences

A temps nouveaux compétences nouvelles

3. Dans toutes les régions, la mondialisation, le progrès technique et les nouvelles formes d'organisation du travail exigent de nouvelles qualifications. Alors que les entreprises s'efforcent de suivre l'évolution des marchés et de promouvoir la mobilité de leur personnel, les travailleurs sont appelés à s'adapter de plus en plus vite et à acquérir des compétences multiples, dans le domaine notamment de l'information et de la communication, qui répondent aux normes internationales en matière de fabrication de produits et de prestation de services. Capacité de gérer de façon autonome, sens des relations humaines, aptitude à la communication, à l'analyse et à la résolution des problèmes et capacité d'apprentissage sont les principaux atouts qui favoriseront l'innovation, la créativité, la logique stratégique, la gestion du changement et l'esprit d'entreprise dans la nouvelle économie qui se dessine.

4. Les compétences exigées pour la gestion des entreprises restructurées du secteur public ou privé et des petites entreprises, pour l'emploi indépendant et dans le secteur non structuré constitueront un autre grand domaine d'activité.

5. Le secteur non structuré joue un rôle majeur dans beaucoup de pays en donnant du travail à de nombreuses personnes qui n'ont pas d'autres moyens d'existence. Les efforts déployés dans ce secteur pour améliorer la productivité, la compétitivité, les revenus et la qualité des produits et des services suscitent une énorme demande qui n'est pas satisfaite (apprentissage de la lecture, de l'écriture et du calcul, technique et gestion, etc.).

Satisfaire la demande de compétences nouvelles:
le rôle de l'enseignement de base, de la formation
initiale et de la formation permanente

6. Le système d'enseignement a pour mission, entre autres, d'améliorer les connaissances de base, les aptitudes et les comportements. Les employeurs doivent collaborer en offrant aux jeunes un milieu de travail propice à l'apprentissage et des programmes de formation leur permettant d'acquérir les qualifications dont l'entreprise a besoin. En Afrique notamment, où beaucoup d'enfants et d'adultes sont peu instruits, l'enseignement de base pour tous est la condition sine qua non du décollage économique. L'investissement public doit par conséquent porter en priorité sur la qualité de l'enseignement et rendre l'accès à ce dernier plus équitable, notamment dans les zones rurales, tout en mettant l'accent sur les femmes et d'autres groupes défavorisés.

7. La formation initiale, qui suit l'enseignement de base, vise à développer l'aptitude à l'emploi (salarié et indépendant) et à la formation ainsi que la mobilité sur un marché du travail qui évolue rapidement. Les nouveaux systèmes de formation en alternance, tels que l'apprentissage, peuvent faciliter le passage de l'école au monde du travail et renforcer cette aptitude.

8. Les partenaires sociaux doivent soutenir l'enseignement de base et la formation initiale en s'engageant résolument sur la voie de l'éducation et de la formation permanentes, pour répondre à l'évolution constante des besoins des entreprises et des marchés du travail. Créer un cadre propice à l'apprentissage pendant toute la vie exigera des partenaires sociaux qu'ils conjuguent leurs efforts pour définir les besoins, mettre en chantier des programmes et créer les infrastructures nécessaires, notamment un système d'incitation prévoyant entre autres la certification et la reconnaissance des compétences acquises et l'octroi de bourses d'enseignement.

II. Réforme des systèmes de formation publics et privés
pour une meilleure efficacité et une plus grande justice sociale

Améliorer l'efficacité

9. Les systèmes d'enseignement doivent dans toutes les régions suivre l'évolution constante des besoins des entreprises et des particuliers en matière de formation. Cette adaptation de l'offre à la demande peut être favorisée par l'établissement de normes de formation par les entreprises et par une collaboration entre celles-ci et les établissements d'enseignement.

10. En outre, la formation peut être dispensée par le secteur privé. Face au développement des instituts privés, il convient de s'assurer que la formation qu'ils offrent répond aux besoins des entreprises. La mobilité des travailleurs, les perspectives de carrière et les chances de trouver un emploi peuvent être grandement favorisées par l'instauration de systèmes de certification et de reconnaissance des compétences, quel que soit le lieu où elles ont été acquises (formation conventionnelle ou non, ou formation en cours d'emploi). Les participants à la réunion concernant la région Asie et Pacifique ont insisté sur le fait qu'il convient de certifier les résultats de la formation. Il faut inciter les PME à offrir une formation en cours d'emploi structurée qui permettrait de réduire les pertes de temps de production. Les liens de sous-traitance entre petites et grandes entreprises peuvent permettre aux travailleurs des premières d'améliorer leurs qualifications. L'Etat doit apporter son appui à la formation dans les PME.

11. Parmi les grands problèmes de fond recensés par les participants figurent la mise en place de mécanismes permettant aux entreprises de participer à l'élaboration des normes en matière de compétences et à la conception des cours et programmes; l'enseignement des qualifications essentielles dans les écoles et les autres établissements et la nécessité d'adapter rapidement la formation quand les besoins des entreprises changent afin de minimiser le décalage entre l'offre et la demande. La réunion qui a eu lieu en Amérique latine a mis l'accent sur l'intégration progressive de la question de la formation aux négociations sur l'emploi et les autres questions sociales. Toute activité de formation doit être jugée à l'aune des avantages qu'en retirent les entreprises et les bénéficiaires, et ces derniers doivent pouvoir trouver un emploi dans le domaine correspondant à leur formation. La création de systèmes d'information sur le marché du travail est l'un des moyens d'améliorer l'adéquation entre les compétences et les emplois.

Pour une formation socialement plus juste

12. La question de la justice sociale dans la formation revêt une importance capitale, surtout en Afrique. La priorité des priorités est d'éliminer les obstacles économiques, sociaux et culturels qui n'ont souvent rien à voir avec l'enseignement et la formation proprement dits et qui sont source d'inégalités: coût élevé de la formation, caractère stéréotypé des programmes, absence de prise en considération des contraintes que les tâches ménagères font peser sur les femmes et inadaptation des bourses d'enseignement, dont les riches sont mieux en mesure de profiter que les pauvres. Les pratiques qui compromettent l'égalité de chances dans l'enseignement et la formation doivent être abolies, au moyen par exemple de mesures législatives et réglementaires et de programmes de discrimination positive.

13. Faute d'expérience professionnelle, les jeunes ont souvent du mal à s'insérer dans le marché du travail. Les formations qui comportent un stage en entreprise et inculquent des attitudes positives à l'égard du travail doivent être exploitées systématiquement. Une politique de l'emploi dynamique, alliée à une information précise sur les débouchés et à une orientation professionnelle efficace, permettra aux jeunes de compléter leur formation pour l'adapter aux emplois offerts. Dans de nombreux pays d'Amérique latine, d'Afrique et d'Asie, la main-d'œuvre jeune est souvent peu instruite. Tous les programmes de formation s'adressant à ce groupe devraient comporter des cours de rattrapage et un enseignement de base scolaires et non scolaires. La difficulté majeure consiste cependant à déterminer quel type de réforme institutionnelle pourrait favoriser l'emploi des jeunes compte tenu des difficultés auxquelles sont confrontées ces trois régions, et à convaincre les décideurs de mener cette réforme à son terme.

14. Les travailleurs du secteur privé ou public licenciés suite à une restructuration doivent bénéficier d'une formation, de préférence avant leur licenciement et après détermination des possibilités d'emploi, qui les aide à trouver du travail dans le secteur structuré ou non structuré ou à créer leur propre emploi. L'essentiel du coût de la formation devrait être pris en charge par l'organisme ou l'entreprise qui restructure. Les travailleurs licenciés devraient également avoir accès à des services d'orientation en matière d'emploi et de formation.

III. Acteurs et partenaires de la formation

15. L'évolution des besoins des employeurs et l'intensification de la concurrence obligent les partenaires sociaux à rechercher de nouvelles modalités de collaboration. Le système du partenariat est un des piliers des réformes visant à améliorer l'efficacité et l'équité de la formation. La participation pleine et entière des partenaires sociaux passe par la décentralisation de la formation.

16. Dans nombre de pays, l'Etat, de fournisseur direct qu'il était, devient intermédiaire, animateur, incitateur. Il met à disposition le cadre légal et les moyens matériels, encourage l'investissement collectif dans la formation par des incitations et des campagnes nationales dans les médias, contrôle la qualité de la formation et le niveau des compétences transmises et veille à l'égalité d'accès à la formation. L'Etat doit par ailleurs veiller sur le long terme à la formation des ressources humaines et participer avec le secteur privé à l'analyse des besoins en matière de qualifications et de l'évolution du marché du travail.

17. En ce qui concerne l'enseignement de base, l'Etat reste maître de la politique générale, tout en passant des accords avec le secteur privé, des ONG, des associations et des collectivités locales pour ce qui est du financement et de la fourniture des services. En matière de formation initiale (acquisition des qualifications essentielles), l'Etat élabore la politique générale en coopération avec les employeurs, les syndicats et les prestataires de services et établit parallèlement des partenariats avec les employeurs, les collectivités locales et les opérateurs privés. S'agissant de la formation continue, les employeurs ont la haute main sur la politique générale et le financement et jouent un rôle majeur dans la fourniture. Pour ce qui est de la formation des chômeurs, l'Etat reste maître de la politique générale et du financement. Qu'il s'agisse de la formation des travailleurs ou des chômeurs, les autres grands partenaires sont les syndicats, les particuliers et les prestataires privés.

18. Concernant le secteur non structuré, la plupart des compétences appartiennent à l'Etat, qui intervient directement ou en finançant les organismes de formation, notamment des institutions non gouvernementales. S'agissant de l'alphabétisation, qui est en Afrique l'élément clé du dispositif de formation, l'Etat joue un rôle de premier plan, en collaboration avec les ONG et diverses associations. L'Etat, les ONG, les associations, les collectivités, les employeurs et les syndicats contribuent à des degrés divers au financement et à la fourniture. Les particuliers s'investissent de plus en plus dans leur propre alphabétisation.

Genève, le 11 octobre 1999.


1.  Conseil d'administration, Procès-verbaux de la 274e session, cinquième séance, p. V/1.


Mise à jour par VC. Approuvée par NdW. Dernière modification: 26 January 2000.