La loi sur les syndicats de 1959 et la loi sur
les relations du travail de 1967, ainsi que leurs amendements ultérieurs,
limitent sévèrement la liberté syndicale et
la négociation collective. La loi sur les syndicats réglemente
sévèrement la plupart des aspects liés à
l’activité syndicale.
Aux termes de celle-ci, un syndicat ne peut représenter
les travailleurs que "dans un commerce, une activité
ou une industrie en particulier, ou dans des commerces, des activités
ou des industries similaires, ou dans une entreprise ou un établissement
particulier". En conséquence, les syndicats de portée
générale sont interdits.
Le directeur général des syndicats
a invoqué ces dispositions pour ordonner à des syndicats
industriels de rayer plusieurs milliers de membres de leurs effectifs,
leur refusant la reconnaissance et le droit de négociation
collective.
[Référence est faite de certaines
entreprises qui ont fait en sorte que des travailleurs soient déclarés
inaptes à adhérer à un syndicat.]
Les travailleurs rayés des effectifs syndicaux
dans les circonstances décrites ci-dessus ne sont pas autorisés
à adhérer à tout autre syndicat existant. Ils
doivent établir des syndicats maison distincts, ce qui est
souvent très risqué et prend beaucoup de temps. Cet
aspect de la loi reste un sérieux obstacle aux activités
de syndicalisation menées par les syndicats.
La loi accorde au directeur général
des syndicats, un responsable du gouvernement, le droit de superviser,
diriger et contrôler les syndicats. Chaque syndicat est tenu
de se faire enregistrer dans un délai d’un mois (ou dans
un délai prolongé, le cas échéant, par
le directeur général des syndicats) à partir
de la date de sa création. Le syndicat qui ne se fait pas
enregistrer dans le délai fixé sera jugé illégal.
Le directeur général peut refuser
d’enregistrer un syndicat s’il a la conviction qu’il existe déjà
un syndicat similaire.
Les lois interdisent et ont empêché
au personnel des multinationales de l’électronique, soit
160 000 travailleurs, dont une majorité de femmes, de s’organiser
en syndicat national depuis le début de la décennie
de 1970. Leur unique possibilité est d’adhérer à
des syndicats internes à l’entreprise.
Les travailleurs qui créent des syndicats
internes dans le secteur sont fréquemment confrontés
à l’hostilité, voire à des menaces de licenciements,
de la part de la direction.
En règle générale, le gouvernement
et les employeurs encouragent la création de syndicats internes.
Les amendements apportés en 1989 à la loi sur les
syndicats permettaient la création de syndicats dans l’entreprise,
indépendamment de l’existence éventuelle d’un syndicat
déjà enregistré.
Les syndicats signalent qu’ils éprouvent
toujours des difficultés à s’organiser. De nombreux
employeurs, y compris certaines multinationales, mettent tout en
œuvre pour leur refuser l’homologation et éviter la négociation
collective. Ils s’opposent souvent aux directives gouvernementales
accordant l’agrément et refusent de respecter les arrêts
rendus par le Tribunal du travail lorsqu’il s’agit de réintégrer
des travailleurs licenciés abusivement.
Les syndicats du secteur public peuvent s’organiser
par ministère, département, profession ou activité.
Ces syndicats peuvent adhérer aux fédérations.
Le personnel des organes statutaires ne peut adhérer qu’aux
syndicats internes, lesquels peuvent toutefois s’affilier à
la fédération des services publics ou à la
centrale syndicale nationale.
La loi émet des restrictions concernant
les candidats habilités à assumer des fonctions syndicales.
Le ministre des Ressources humaines a déclaré que
les travailleurs étrangers ne peuvent devenir membres des
syndicats, bien que la loi stipule uniquement que seuls les ressortissants
malais sont autorisés à assumer des fonctions syndicales.
L’une des conditions mentionnées sur les permis de travail
délivrés aux travailleurs étrangers par les
autorités stipule qu’ils ne sont pas autorisés à
adhérer à des "associations".
Le ministre des Ressources humaines peut ordonner
la suspension, pour une période maximale de six mois, de
tout syndicat qui, à son avis, "a été
créé ou est utilisé à des fins préjudiciables
ou contraires aux intérêts, à la sécurité
ou à l’ordre public de la Malaisie ou de l’une de ses régions".
Les syndicats ne peuvent pas utiliser leurs avoirs
à des fins politiques. La loi établit une liste exhaustive
de toutes les questions qui peuvent être considérées
comme des "thèmes politiques". Le ministre des
Ressources humaines peut ajouter d’autres thèmes à
la liste.
Un syndicat doit obtenir l’autorisation préalable
de la direction générale des syndicats avant de pouvoir
s’affilier à l’échelle internationale.
Des restrictions légales empêchent
pratiquement l’organisation d’une grève légale. Deux
tiers des membres doivent voter en faveur de la grève dans
le cadre d’un scrutin secret. Le scrutin doit contenir une résolution
qui précise "la nature des actes à accomplir
ou dont il faut s’abstenir au cours de la grève". On
a cité des cas où, bien que le syndicat ait procédé
à un scrutin secret et reçu un mandat de grève,
la direction générale des syndicats a refusé
d’en tenir compte parce que la résolution ne lui donnait
pas satisfaction. Les syndicats ne peuvent pas faire grève
concernant des litiges liés à la reconnaissance d’un
syndicat et à des licenciements abusifs. Le ministre des
Ressources humaines peut imposer aux parties en conflit d’avoir
recours à l’arbitrage. Les procédures pour obtenir
l’autorisation de faire la grève sont longues. Les services
essentiels font l’objet d’une définition particulièrement
large et les syndicats sont soumis à des restrictions supplémentaires
en matière de grève dans ces industries, y compris
l’obligation de donner un préavis de grève de 21 jours.
Des lois telles que la loi sur la sécurité
intérieure de 1961, qui autorise l’emprisonnement en l’absence
de jugement, la loi sur les secrets d’Etat, la loi sur la presse
écrite et les publications, et la loi sur la sédition
peuvent être et ont été invoquées pour
limiter l’exercice des droits syndicaux. Le Code pénal malaisien
stipule qu’il faut une autorisation de police pour organiser un
rassemblement de plus de cinq personnes.